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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/120

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

pas, cette protection des choses qui allait s’épaississant autour de lui. L’avenue où il marchait avait l’ampleur, la majesté d’une nef colossale. Et, tout en cheminant sous les arceaux vertigineux, il songeait :

« — S’il est dans les décrets de Dieu que je vive quelques années encore, je veux bâtir, à la place de cette forêt et sur son modèle, une cathédrale où se dresseront, en pierre indestructible, autant de colonnes que voici d’arbres. Et il n’y aura infortune en Bretagne qui n’y puisse trouver, comme moi-même a cette heure, soit remède, soit consolation. »

… Gwennolé cependant, inquiet de la disparition du vieux roi, s’était mis à sa recherche. Il le découvrit enfin, dans la retraite qu’il s’était choisie, à l’orée de la forêt du Kranou. Il était là, étendu sur un lit de mousse que les feuilles tombées brochaient de larmes d’or. Près de lui une forme humaine était accroupie, qui n’avait plus d’un être vivant que l’apparence. En voyant venir le moine dont la robe de bure blanche tran-