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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

soleil disparu et où les houles viennent mourir en un pâle et dernier frisson ; — en deçà, une échancrure profonde, pleine d’ombre verte, et, de l’autre côté du ravin, la coupe brune du pays d’Hanvec qui porte suspendue à son flanc la petite Mecque bretonne, la sainte oasis de Rumengol.


IV


Au sommet de la montée, comme je vais pour m’engager dans le chemin creux qui, à travers le vallon, pique droit sur la bourgade sacrée, je fais rencontre du conscrit de tantôt, du joli pâtre-soldat. Assis sur le rebord de la douve, il se déchausse, noue ensemble les cordonnets de ses souliers et retrousse son pantalon rouge sur ses fins mollets de grimpeur de landes. Nous échangeons un regard, quelques mots. Je le complimente sur sa voix de rossignol.

« — Oui », me répond-il, « c’est un bien beau