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AU PAYS DES PARDONS

cantique que celui-là ! Au catéchisme, on nous le faisait chanter. J’aime à le fredonner à la caserne, et il n’est pas besoin de me prier longtemps pour que je le redise, en quelque lieu que je sois. Les gens qui vont de chez nous au pardon de Rumengol l’entonnent tout le long de la route… Je suis de Saint-Riwal, dans le Ménez : un quartier pauvre, trop de pierres, des bruyères, un peu de seigle et de blé noir. Mais il n’y a de terre chaude au cœur et douce aux yeux que celle où l’on est né… »

Tandis que nous voyageons de compagnie (ses camarades se sont attardés à boire dans les auberges), il m’explique qu’il est le cinquième enfant de sa famille ; il me parle de son père, de sa mère, de sa sœur aînée, mariée à un « tourbier » du Yeûn[1], de sa marraine qui a quelque bien et qui lui a promis, quand il aura fini son temps, de lui faire cadeau d’une paire de bœufs pour entrer en ménage. Car, sitôt de retour chez lui, il compte prendre femme. Il s’est féru d’une fille de Braspartz.

  1. Tourbière immense qui s’étend au pied du Mont Saint-Michel, dans les montagnes d’Aré.