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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/272

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

pour entrer en un contact plus direct, plus intime, avec la frémissante beauté des choses. Ils étaient des poètes en même temps que des saints. La magie de la nature les enchantait. La tradition nous les montre cheminant des jours, des mois, avant de s’arrêter au choix définitif d’une demeure. Une boule, dit-on, roulait devant leurs pas entendez par la qu’un instinct supérieur les guidait. Ils attendaient pour bâtir leur cellule d’avoir rencontré un paysage digne d’alimenter leur rêve : Aux uns il fallait les hauts lieux, l’immensité des horizons ; d’autres préféraient le mystère des vallées toutes chuchotantes du bruissement des eaux et du frisson des feuillages. Presque toujours ils s’arrangeaient de façon à avoir — petite ou grande — une ouverture sur la mer. La plupart de leurs oratoires sont, en effet, situés dans la zône maritime, dans l’Armor. Ils aimaient la mer pour elle-même, parce qu’elle est la mer, la seule chose au monde peut-être dont le spectacle ne lasse jamais et aussi, parce qu’elle est comme la face visible de cet infini qui obsédait leur âme ; et enfin, parce que ses flots