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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/340

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SAINTE-ANNE DE LA PALUDE

deux jeunes hommes — ses fils — qui l’escortent, raides et muets.

Les officieuses vieilles s’empressent autour d’elle, lui offrent leurs services avec des chuchotements de compassion, s’enquièrent obligeamment de la nature de son mal. Elle, cependant, s’est laissée choir, à bout de forces, sur le banc de pierre accoté au piédestal de la statue, et, de ses doigts amaigris, elle se met à dégrafer une à une les pièces de son vêtement, d’abord le corsage soutaché de velours, puis la camisole de laine brune, enfin la chemise de chanvre, découvrant à nu sa poitrine où s’étale, striée de brins de charpie, la plaie hideuse d’un cancer.

Les deux jeunes hommes la regardent faire, le chapeau dans les mains, comme à l’église. Et j’entends l’un d’eux, Famé, qui explique aux vieilles :

« — Nous avons été avec elle dans tous les lieux renommés aux environs de notre paroisse, à saint Nonna de Penmarc’h, à sainte Tunvé de Kerity, à saint Trémeur de Plobannalec. Nous l’avons ramenée chaque fois plus souffrante.