Alors, on nous a dit que sainte Anne seule avait assez de vertu pour la guérir, et nous sommes venus. »
Les vieilles de se récrier.
« — Quel dommage que vous n’y ayez pas songé plus tôt !… Il n’y a que sainte Anne, voyez-vous, il n’y a que sainte Anne ! Chacun sait cela. Il faut être, comme vous, de la race des brûleurs de goëmon pour l’ignorer. »
Tout en morigénant les fils, elles s’occupent de la mère, accomplissent en son nom les rites prescrits. Celle-ci lui barbouille d’eau le visage ; celle-là lui en verse dans les manches, le long des bras ; une troisième lui prend dans la poche son mouchoir, le va tremper dans la fontaine et le lui applique ainsi imbibé sur la partie atteinte ; les autres se traînent à genoux par les dalles boueuses, invoquant la patronne de la Palude, « aïeule de miséricorde, mère des mères, source de santé, rose des dunes, espérance du peuple breton. »
Prières improvisées, d’un charme très doux et très apaisant.