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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/92

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SAINT-YVES, LE PARDON DES PAUVRES


VII


Les « grâces » terminées, Yaouank-Coz décrocha une de ces énormes lanternes que les rouliers ont coutume de suspendre à l’avant de leurs charrettes, et, l’ayant allumée, il m’invita à le suivre. La cohue des mendiants s’ébranla derrière nous. La nuit était d’un gris d’ardoise, criblée de menues étoiles. Nous traversâmes la cour. Les pas s’étonnaient dans le fumier mou dont elle était jonchée. Yaouank tenait le fanal élevé au-dessus de sa tête, criait « Par ici !… Attention à cette mare !… » Des portes s’ouvrirent dans des bâtiments bas groupés comme les chaumières d’un hameau, et des souilles d’étuve nous trappèrent au visage. Nous étions auprès des étables. Les mendiants y pénétrèrent la queue leu-leu, sans bruit ; on y avait étendu pour eux une litière