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AU PAYS DES PARDONS

de paille fraîche. Les plus ingambes grimpèrent à l’échelle qui menait au grenier des fourrages. Les vaches, étonnées, meuglaient doucement. Du dehors, on voyait aller et venir tantôt dans le rez-de-chaussée, tantôt sous les combles, la grosse lanterne vigilante du vieux fermier ; il ne se fiait qu’à lui-même pour s’assurer que chacun avait son gîte, admonestait celui-ci, installait celui-là, avait l’œil surtout à ce qu’il n’y eût point de promiscuités équivoques.

En rentrant au manoir, nous trouvâmes Baptiste dormant, les coudes allongés sur la table.

« — Si vous désirez en faire autant, » me dit notre hôte, « voilà mon lit… Oh ! vous ne m’en priverez pas. Je suis de quart jusqu’à demain… Je connais de longue date les pauvres que j’héberge il n’y a pas de malhonnêtes gens parmi eux, mais il peut y avoir des imprudents. La tentation de la pipe est forte, et il suffit d’une étincelle pour causer un malheur… »

« — Je vous demande en ce cas la permission de veiller avec vous. »

« — Katik, fais-nous un feu de purgatoire,