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qu’on le conquiert. Toujours chez lui le sentiment précède l’idée. Il ne comprend que ce qu’il a senti. Ne dogmatisez donc pas. Il est plus réfractaire qu’on ne croit à tous les dogmes, — oui, même en matière religieuse. Et c’est pourquoi n’abusez pas trop des prédications. Vous semblez croire beaucoup à la vertu des conférences : je n’en suis pas aussi persuadé que vous. En Bretagne, c’est surtout sur la conscience individuelle qu’il importe d’agir. Le Breton, cet individualiste né, est lent à sortir de lui-même, à se plier à la pensée d’autrui. Il faut qu’il s’imagine avoir trouvé la vérité qu’on lui enseigne. Ne la lui enseignez donc point toute faite : mais aidez-le à la chercher, à la découvrir. Toutes les fluctuations de l’opinion républicaine en ce pays viennent de ce que l’on a voulu agir sur des groupes, alors que c’est chaque conscience individuelle qu’il eût fallu commencer par émanciper.

Ne tombez pas dans la même erreur. Constituez ici, comme vous