Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/140

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L intersigne de l'étang

Jean Trémeur, du village de Kergogn, non loin de Quimper, était, sur la semaine, un bon journalier, mais, le dimanche, c'était miracle quand il ne s'attardait pas jusqu'à nuit close à boire chopine dans les auberges de Penhars qui était sa paroisse. Le plus souvent, il fallait souper sans lui. Quelquefois même, on l'attendait encore, après les écuelles lavées et les grâces dites. Alors, Perrina, sa ménagère, commandait à sa fille Josik :

— Mets ta cape et va chercher ton ivrogne de père  ; sans cela, il est capable de laisser ses jambes au çabaret et de se noyer dans l'étang. . ..

Il y avait, on effet, un étang profond sur le bord de la route, dans une ancienne carrière abandonnée. Et c'est bien pourquoi Josik n'obéissait jamais qu'à contre-cœur. Elle avait frayeur, d'avance, d'être obligée de passer auprès de ce grand trou d'eau où l'on voyait, disait-on, des « choses de nuit » et d'où l'on entendait sortir des « bruits d'épouvante ».

Tout de même elle allait, parce que, si elle avait rechigné, sa mère l'eût battue ; et puis, elle aimait bien son père qui était gentil avec elle et ne se faisait pas trop tirer la veste pour rentrer, quand c'était elle qu'on lui envoyait.

Or,