Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/141

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ce soir-là, il y avait clair de lune et la surface de l'étang, noire d'habitude, brillait comme de l'argent neuf. Josik, à cause de cela, au lieu de détourner la tête comme de coutume, glissa un coup d'œil du côté de l'eau. Elle ne fut pas peu surprise de voir qu'il y avait sur l'autre bord une lavandière, agenouillée dans sa caisse de bois, qui, les manches retroussées, s'apprêtait à laver du linge. La fillette ne distinguait pas son visage  ; mais, comme elle portait la coiffe et tout l'accoutrement des paysannes de la contrée, Josik ne douta point que ce ne fût quelqu'une de la paroisse. Et elle s'enhardit à lui adresser la parole, selon l'usage : ;i *. Je crois que vous lavez, dit-elle.

Oui, Josik, répondit la femme, en appelant l'enfant par son nom, comme si elle la connaissait.

— Vous avez choisi un drôle de jour et une drôle d'heure, fit Josik encore plus rassurée.

La femme répliqua : :. 'u— Dans notre métier, on n'a pas le choix. .•.i.-!. C'est donc de l'ouvrage pressé ?

— Oui, Josik, car c'est le drap de mort dans lequel on ensevelira demain celui que vous allez chercher'.

Et, en disant cela, la femme déploya devant elle un linceul qui s'élargit, s'élargit, jusqu'à couvrir tout l'étang. Josik, folle de peur, s'était mise à courir vers le bourg. Elle arriva hors d'haleine sur le seuil du « débit » où elle savait que son père avait coutume de faire ce qu'il appelait, comme au Chemin de Croix, sa

« derniè