Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/215

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nu comme les branches d'un arbre dépouillé de ses feuilles, s'avança jusqu'à Laou, et,"lui posant sur l'épaule une main décharnée, lui dit :

— Trugaré, Laou ! Quand je t'ai demandé, au cimetière, si je pouvais venir aussi, tu m'as répondu qu'il n'y aurait personne de trop. Tu t'avises un peu trop tard de t'informer qui je suis. C'est moi qu'on nomme l'Ankou. Comme tu as été gentil pour moi, en m'invilant au même titre que les autres, j'ai voulu te donner à mon tour une preuve d'amitié, en te prévenant qu'il ne te reste pas plus de huit jours pour mettre tes affaires en règle. Dans huit jours, je repasserai par ici en voiture, et, que tu sois prêt ou non, j'ai mission de t'emmener. Donc, à mardi prochain! Le repas que je te ferai servir ne vaudra peut-être pas le tien, mais lacompagnie sera encore plus nombreuse.

A ces mots, l'Ankou disparut.

Laou ar Braz passa la semaine à faire le partage de ses biens entre ses enfants ; le dimanche, à l'issue de la messe, il se confessa ; le lundi, il se fit apporter la communion par le recteur de Pleyber-Christ et ses deux acolytes ; le mardi soir, il mourut.

Sa largesse lui avait valu de faire une bonne mort.

Ainsi soit-il pour chacun de nous !

(Conté par Le Coat. — Quimper, 1891.)