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XXVIII La route barrée

Trois jeunes gens, les trois frères Guissouarn, du village de l'Enès, en Callac, revenaient d'une veillée d'hiver dans une ferme assez éloignée de chez eux. Pour rentrer, ils avaient à suivre quelque temps l'ancienne voie royale de Guingamp à Carhaix. Il faisait temps sec et claire lune, mais le vent d'est soufflait avec violence.

Nos gars, que le cidre avait égayés, chantaient à tue-tête, s'amusanl à faire résonner leurs voix plus fort que le vent.

Soudain, ils virent quelque chose de noir au bord de la douve. C'était un vieux sécot de chêne que la tempête avait déraciné du talus.

Yvon Guissouarn, le plus jeune des trois frères, qui avait l'esprit enclin à la malice, imagina un bon tour.

— Savez-vous ? dit-il, nous allons traîner cet arbre en travers de la route, et, ma foi, s'il survient quelque roulier après nous, il faudra bien qu'il descende de voiture pour déplacer l'arbre, s'il veut passer.

—. Oui, ça lui fera faire de beaux jurons, acquiescèrent les deux autres.

Et les voilà de traîner le sécot de chêne en travers du chemin. Puis, tout joyeux d'avoir inventé cette farce,