Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/230

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tre en marche à travers le monde entier. Tu les tueras tous, sans pitié ; tu iras jusque au sein de leur palais chercher les rois.

Tu obéiras au premier commandement. Ni vieux, ni jeunes ne pourront t’échapper. Tu voyageras de nuit aussi bien que de jour. Que l’on crie ou que l’on pleure, ne te laisse point attendrir.

Tu auras un corps qui sera léger et rapide, capable de traverser le monde en un rien de temps. Tu chemineras par mer aussi aisément que par terre. Jamais on n’aura vu créature aussi cruelle ni insensible.

Tu auras des flèches qui frapperont violemment. Où tu entreras, tu porteras l’épouvante.

La Mort.

Mon Dieu, mon créateur, je vous remercie de m’avoir mise au monde et de m’avoir nommée La Mort. Sur mer et sur terre, certes, je cheminerai. Jamais, quant à moi, je ne ferai grâce à personne.

Puisque vous me donnez pouvoir sur la vie de chacun, l’heure

venue, il ne leur servira de rien de faire des façons !... »

(Extrait d’un manuscrit provenant de la bibliothèque de M. Luzèl.)

La Mort est, du reste, comme embusquée à toutes les pages de

ce mystère. A peine créée, elle se présente devant Adam pour le

menacer, elle se tient au chevet d’Ève quand celle-ci accouche,

elle préside aux fureurs de Caïn, elle promène enfin à travers tout

le drame, avec son spectre hideux, son refrain sinistre : Ia, me o

ar Maro !... (Oui, c’est moi qui suis la Mort).

CHAPITRE