Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Un peu de terre prise au cimetière1 ; 3° De la cire vierge;

4° Une araignée qu'on a soi-même attrapée en un coin de sa maison;

b° De la rognure d'ongles (pour se la procurer, on ronge ses propres ongles avec les dents).

On doit porter ce petit sac, suspendu au cou, pendant neuf jours consécutifs. Ce temps écoulé, on le place dans un endroit où l'on présume que passera l'individu dont on veut la mort. Il importe qu'il soit bien en évidence, qu'il attire l'attention, qu'il tente la curiosité. On le dispose, par exemple, au milieu d'un sentier ou sur l'aire d'une maison. Votre ennemi le ramasse, croyant avoir trouvé une bourse pleine ; il

fait venir le sin-eater « mangeur de péchés » de la paroisse, qui met sur la poitrine du défunt une assiette pleine de sel et sur le sel un morceau de pain ; puis il murmure quelques paroles sur le pain, le mange et s'en va rapidement. Il a pris sur lui, croit-on, toutes les fautes du défunt. Le sin-eater est regardé comme coupable des fautes qu'il s'est ainsi incorporées, et est généralement méprisé (L. Chaworth-Musters, Revue des traditions populaires, t. VI, p. 484).

1. En Ecosse, la terre du cimetière sert à des pratiques de sorcellerie. Jetée dans un ruisseau de moulin, elle arrête la marche

de la meule (W. Gregor, Noies on the folklore of the North-Eatt of Scotland, p. 216).

Il y a même des pratiques de médecine populaire se rapportait à la terre prise au passage d'un enterrement. En Irlande, pour se délivrer des verrues, il faut prendre de la terre sous le pied droit au moment où passe un convoi funèbre et la lancer dans la direction que suit le cortège (Haddon, A batch of Irish folklore  ; Folklore, t. IV, p. 356).