Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/399

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— Jésus, mon Dieu! Regarde donc, Jean-Clet, qu'est-ce que cela signifie?

Il leva la tête, regarda, lui aussi. A la vitre supérieure de la fenêtre était appliquée la paume d'une main verdâtre à laquelle un doigt manquait, et, de la partie mutilée un mince filet de sang descendait, descendait sans fin, le long du verre.

L'homme, qui avait gardé pour lui le secret de son aventure, devint tout pâle.

— Attends, dit-il, je vais voir dehors ce que c'est. Et il sortit. A l'instant, la main disparut.

— Reviens! lui cria sa femme... On ne la voit plus. Il rentra, mais il n'eût pas plutôt repris sa place

à table que de nouveau la main fut visible. La femme dit :

— Sûrement, il y a quelque malheur sur nous !

— Bah! répondit le pêcheur, nous avons peut-être la berlue, l'un et l'autre. Ne pensons plus à cela, et allons nous coucher.

Il espérait qu'une fois dans leurs couvertures et derrière les volets du lit-clos, ils cesseraient de voir... Il se trompait, car, dès qu'il eut soufflé la chandelle et que l'intérieur de la maison fut tout entier dans la nuit, la main apparut en clair sur le noir de la fenêtre : on eût dit qu'elle brillait dans l'ombre, et le sang qui s'en épanchait faisait comme une traînée de feu. Alors, l'homme, épouvanté, se confessa : il dit à sa femme le forfait qu'il avait commis.

— Vous n'avez qu'un parti à prendre, déclara celle^ ci  ; c'est d'aller au plus vite enterrer la bague avec le cadavre* Puis, demain, vous passerez chez le recteur