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LXIII La tête da mon

Mon père, Yves Le Flem, avait coutume d'aller la nuit chercher des épaves le long de la grève.

Cette nuit-là, il avait emporté son filet sur ses épaules ; il comptait le poser aux environs de Bruk et il s'acheminait de ce côté, tout en flânant.

Tout à coup son pied heurta quelque chose qui sonna creux et se mit à rouler avec bruit dans les* galets.

— Qu'est-ce que cela peut être ? se dit-il.

Il courut après l'objet qui dégringolait toujours^ car la pente à cet endroit était rapide.

Jugez de son désappointement, quand, l'ayant saisi, il s'aperçut à la lueur de sa lanterne que c'était une tête de mort.

Il n'eut rien de plus pressé que de lancer au loin cette épave humaine.

Mais aussitôt une grande clameur s'éleva de la mer.

Mon père épouvanté crut voir des milliers de bras qui s'agitaient hors de l'eau*.

En même temps des mains invisibles s'efforçaient de lui arracher son filet.

1. On dit quelquefois en Basse-Bretagne que ce sont les nojfés qui produisent les vagues de la mer (ilevue des traditions populaires, t. XH, p. 395).