Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/107

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deux heures il fera nuit, et dans quatre heures vous serez mort. Retournons vite à la ferme, vous, pour mettre votre conscience en règle, et nous, pour nous préparer à notre travail de demain, qui sera de vous porter en terre. »

— Voilà ce que m’a conté mon homme, ajouta la fermière ; un autre se serait peut-être mis en colère contre le bœuf, mais lui qui était un homme de sens, il a suivi son conseil. Grâce à quoi il a trépassé, non dans la douve du grand chemin, comme un animal, mais dans sa maison, assisté d’un prêtre et muni des sacrements, comme un bon chrétien.

Doué do bardono ann anaônn ! (Dieu pardonne aux défunts !), murmurèrent les vieilles femmes.

Ma mère fit le signe de la croix et regagna son lit.

Le lendemain, les deux bouvillons traînèrent au bourg de Briec la charrette funèbre.

Ceci se passait un peu avant la « Grande Révolution. » Depuis ce temps-là, on prétend que les bœufs ne parlent plus, si ce n’est pourtant à l’heure de minuit, durant la veillée de Noël.


(Conté par Naïc, vieille marchande de fruits, — Quimper, 1887.)


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