Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/169

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poche son livre d’heures, il se mit à débiter toutes les oraisons d’usage en pareille circonstance. De temps en temps il s’interrompait pour moucher une des chandelles, pour jeter un peu d’eau soi-disant bénite sur le corps, et aussi pour dévisager timidement le camarade que Dieu avait rappelé à lui. Car c’était peut-être la première fois qu’Anton le simple se trouvait face à face avec un trépassé.

Il était si préoccupé de remplir décemment sa fonction de veilleur funèbre, qu’il n’entendait pas les chuchotements qui se faisaient à quelques pas de lui, dans l’entrebâillement de la porte.

Toute la bande des camarades dont les cellules donnaient sur ce couloir était là, les yeux aux aguets ; ils n’attendaient, pour se gaudir, que la burlesque scène promise par Jean Coz au nom de Glaouier.

Ils attendirent longtemps.

Les heures nocturnes sonnèrent, l’une après l’autre. Minuit retentit, quand son tour fut venu. Une impatience mêlée de peur commençait à gagner chacun.

Un des écoliers dit à mi-voix :

— Glaouier ne bouge pas. Si cependant il était mort pour de bon !…

Ce fut le signal d’une débandade. Seuls, les plus résolus demeurèrent.

— Entrons ! Il faut savoir !  !… prononça Jean Coz. Peut-être Glaouier a-t-il imaginé de nous mystifier tous, et non plus seulement Anton L’Hégaret. Il est de force à cela.

Ce fut une irruption dans la chambre.