Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/199

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— Ho ! Ho ! se dit-il, voici la prime aube. Il est temps de déguerpir.

Et Ludo Garel en route.

On était au cœur de l’hiver. À peine s’il voyait clair pour marcher. Après une heure, une heure et demie de marche, il se trouva au pied d’un mur qui lui barrait le chemin. Il se mit à le longer, et arriva devant un escalier de pierre dont il gravit les degrés. C’était l’échalier d’un cimetière.

— Hum ! pensa Ludo, en se voyant entouré de tombes et de croix, heureusement que la mauvaise heure doit être passée depuis longtemps.

Il n’avait pas fini de se parler de la sorte qu’il vit une ombre se lever de terre et se diriger sur lui par une des allées latérales. Quand l’ombre fut toute proche, Ludo s’aperçut qu’il avait affaire en elle à un jeune homme de figure distinguée, vêtu d’étoffe noire et fine.

Il bonjoura le jeune homme.

— Bonjour, répondit celui-ci. Vous êtes de bonne heure en voyage.

— Je ne sais pas au juste quelle heure il peut être, mais le coq chantait quand j’ai quitté la maison.

— Oui, le coq blanc[1] ! repartit le jeune homme. Quel chemin faites-vous ?

— Je vais du côté de Rennes.

  1. Les coqs blancs et les coqs gris, me dit ma conteuse, passent pour des écervelés, des volatiles sans jugeotte. Ils ne savent pas distinguer quand point le vrai jour et chantent hors de propos. Aussi ne doit-on pas se fier à leur chant.