Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/246

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les chambres. Quoique Kersaliou fût bien déchu de son ancienne splendeur, les appartements y avaient gardé fort grand air. Aux murs, dans de vastes cadres enrichis de dorures, étaient suspendus des portraits représentant d’illustres personnages de la maison noble de Kersaliou.

Le seigneur actuel promena Mônik de l’un à l’autre.

Devant chacun, il lui demandait :

— Est-ce celui-ci ?

— Non, répondait-elle, ce n’est pas encore celui-là. Ils défilèrent ainsi devant tous. Mônik avait beau regarder avec attention, dans aucun d’eux elle ne reconnaissait l’imposante et vénérable figure du vieillard rencontré sous le porche.

Le maître de Kersaliou demeura un instant sans mot dire, la mine songeuse et désappointée.

Tout à coup il se frappa le front.

— Suivez-moi au grenier ! ordonna-t-il à la fillette.

Ce grenier était plein d’une foule de choses des temps d’autrefois. Il y avait là de vieilles draperies en loques, de vieilles statues mutilées, de vieux tableaux criblés de trous. Le gentilhomme se mit à fouiller parmi ces tableaux. À mesure qu’il les dégageait de tout ce fatras, il les tendait à Mônik qui les essuyait avec le revers de son tablier.

— Le voilà ! s’écria soudain la petite.

Elle avait reconnu les traits du vieillard, quoique la couleur fût un peu effacée.

— C’est bien, dit le maître de Kersaliou. Descendons maintenant à mon cabinet.