Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/289

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frôlement des cercueils le long des parois et le bruit qu’ils font en dégringolant au fond des puits[1].

Quand on a fait vœu, pendant sa vie, de visiter un sanctuaire, on est tenu d’accomplir ce vœu après la mort, si on ne l’a fait de son vivant. Mais un défunt ne peut aller seul en pèlerinage. Il faut qu’il se fasse accompagner d’une personne en vie.

Il commence donc par se rendre, à l’heure des morts, c’est-à-dire vers minuit, chez l’un quelconque de ses proches. Il le réveille ou lui parle « à travers son rêve ».[2]

  1. Il y a un troisième pèlerinage obligatoire, celui de Notre-Dame de Bulat, petit bourg de l’arrondissement de Guingamp. — [L. M.].
  2. C’est ce que nous montre en action, avec une poésie pleine d’étrangeté et de mystère, la belle gwerz de Dom Jean Derrien (cf. Gwerziou Breiz-Izel, t. I, p. 120).

    Voici le passage. Dom Jean Derrien est couché. Une voix lui parle, dans la nuit :

    — Dom Jean Derrien, vous dormez sur la plume douce. Moi, je ne dors point.

    — Qui donc, à cette heure de la nuit, vient faire ce train à ma porte ? Voici trois nuits que j’ai reçu la prêtrise ; depuis, je n’ai dormi goutte. Je ne sais si c’est le fait du malin esprit ou des âmes défuntes.

    — Ce n’est pas le malin esprit ! C’est moi,… votre mère,… celle qui vous a enfanté ! C’est moi, votre mère, Dom Jean Derrien, qui suis ici à faire pénitence !… Je suis vouée au feu et à