la flamme, si mon fils Jean ne vient à mon aide ! Je suis vouée au feu pour jamais, si ne vient à mon aide Dom Jean Derrien !
— Ma pauvre petite mère, dites-moi, qu’y a-t-il à faire pour vous ?
— Autrefois, quand je marchais par le monde, je promis d’aller en Espagne, en Allemagne, d’aller à Saint-Jacques d’Espagne, d’aller à Saint-Jacques de Turquie. Longue est la route, et c’est bien loin d’ici !
— Ma pauvre petite mère, dites-moi, pourrais-je y aller moi-même efficacement ?
— Il serait efficace pour moi que vous y alliez, autant que si j’y avais été moi-même.
— Eh bien ! ma pauvre petite mère, je vous viendrai en aide. Dussé-je en mourir, j’irai !
Dom Jean Derrien disait à sa sœur, chez elle, quand il arrivait :
— Préparez-moi une douzaine de chemises, autant de mouchoirs, ainsi que trois ou quatre tricornes, pour qu’on sache que je suis un prêtre.
Sa sœur Marie répondit à Jean Derrien, quand elle l’entendit :
— Maintenant que vous nous avez fait dépenser tout notre bien (en frais d’études), vous demandez à quitter le pays ?
— Taisez-vous, ma sœur, ne vous fâchez pas. C’est pour la mère qui nous a enfantés. Je vais à Saint-Jacques de Turquie, pour ma mère et la vôtre.
— Taisez-vous, mon frère, restez à la maison. J’enverrai un messager (un pèlerin par procuration) à votre place.
— Messager à ma place ne partira point. J’ai dit que j’irai, il faut que j’aille !…