Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/32

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esprits de leurs ancêtres continuent à vivre sous la forme de serpents dans leurs habitations[1] ; il semble bien que, dès cette vie, les âmes revêtent déjà cette forme, et que l’ihlozi, le serpent mystérieux qui accompagne invisible tous les hommes, de leur naissance à leur mort, ce soit leur âme même[2]. Les âmes sont fréquemment conçues, en effet, sous la forme de reptiles, et c’est peut-être à un vague ressouvenir de cette croyance qu’il faut rapporter le goût pour le lait que leur attribuent les légendes bretonnes. Il y aurait à faire avec le folk-lore européen de très curieux rapprochements, M. Frazer en a réuni d’assez nombreux exemples. Les Serbes croient que l’âme d’une sorcière endormie quitte souvent son corps sous la forme d’un papillon[3]. Dans un conte souabe il est question d’une jeune fille dont l’âme abandonne le corps sous la forme d’une souris blanche[4]. C’est le parallèle exact de la légende bretonne que nous analysions plus haut. Dans le compte rendu d’un procès de sorcellerie jugé à Mülhbach (Transylvanie) au siècle dernier,

  1. The religions System of Amazulus, p. 11.
  2. Speckmann, Die Hermannburger Mission in Afrika, p. 167.
  3. Ralston, Songs of the Russian people, p. 117 et seq.
  4. Birlinger Volksthumliches aus Schwaben, I, 303.