Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/342

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Fulup fit ce qui lui venait d’être commandé, et proféra les paroles sacramentelles.

Le squelette de Kadô Vraz se mit aussitôt à gigoter avec un bruit d’ossements qui s’entre-choquent, et une voix sépulcrale hurla :

— Je donne ma malédiction à celui qui t’a enseigné. Si tu ne l’avais trouvé sur ta route, je serais à cette heure sur le sentier du paradis, et tu aurais pris ma place à ce gibet !

Fulupik s’en retourna sain et sauf vers le cavalier, et lui rapporta l’imprécation de Kadô Vraz.

— C’est bien, répondit l’homme blanc. Remonte à cheval.

Ils dévalèrent la pente au galop.

— C’est ici que je t’ai rencontré, reprit l’inconnu, ici je te laisse. Va rejoindre ton épousée. Vis avec elle en bonne intelligence, et ne refuse jamais ton aide aux pauvres gens qui recourront à toi. Je suis l’enfant que tu as tenu sur les fonts baptismaux. Tu vois qu’avec un bâtard, le bon Dieu peut faire un ange. Tu me rendis un grand service en consentant à être mon parrain, au refus de trois personnes. Je viens de te rendre un service égal. Nous sommes quittes. Au revoir, dans les gloires célestes[1] !


(Conté par Lise Bellec. — Port-Blanc.)
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  1. Cf. Luzel, Légendes chrétiennes, t. II, p. 126 : Conte de revenant (L’ombre du pendu). Cf. aussi : P. Sébillot, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne, t. I, p. 243, et E. Cosquin, Contes populaires de Lorraine, t. II, p. 175. — [L. M.].