Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/355

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Dès que les vivants ont disparu, les morts accourent, car le feu attire les morts, les morts qui ont toujours froid[1], même dans les belles nuits tièdes du mois de juin. Ils sont heureux de pouvoir se chauffer à ce qui reste du tantad. Ils s’asseyent sur les pierres, sur les anaon qui ont été mis là à leur intention. Et jusqu’au matin ils se chauffent.

Le lendemain, les vivants viennent visiter l’emplacement du feu de la veille.

Celui dont l’anaon a été retourné peut s’attendre à mourir dans l’année.

Le soir de la Toussaint, veille de la fête des Morts (Goël ann Anaon), les défunts viennent tous visiter les vivants.

Les vivants ont fait, après vêpres, « la procession du charnier ». Les prêtres et les chantres ont entonné devant l’ossuaire la complainte qui porte son nom (gwerz ar Garnel).

Voici cette gwerz :

Venons au charnier, chrétiens, voyons les ossements
De nos frères, sœurs, pères et mères,
De nos voisins, de nos amis les plus chers ;
Voyons l’état pitoyable où ils sont réduits.

  1. Ar maro ién, disent les Bas-Bretons, « la mort froide ».