Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/364

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle fut exacte au rendez-vous. Le recteur la confessa et lui donna l’absolution.

— Maintenant, ajouta-t-il, restez agenouillée ici, en prières, jusqu’à ce que vous entendiez sonner minuit à l’horloge de l’église. Vous n’aurez qu’à écarter légèrement le rideau du confessionnal, et vous verrez passer votre mère.

Cela dit, le recteur s’en alla. La jeune fille demeura en oraison, le temps prescrit. Minuit sonna. Elle écarta le pan du rideau, et voici ce qu’elle vit.

Une procession d’âmes défuntes s’avançait, par le milieu de la nef, vers le chœur. Toutes marchaient d’un pas mystérieux, et ne faisaient pas plus de bruit que ne font les nuages d’été, un jour de calme, en traversant le ciel.

Une d’elles cependant, la dernière, semblait se traîner péniblement, et son corps était déjeté, parce qu’elle portait un seau plein d’une eau noire qui débordait.

La jeune fille reconnut en elle sa mère et fut frappée de l’expression de courroux qui se peignait sur son visage.

Aussi, rentrée au logis, pleura-t-elle plus abondamment encore, persuadée que sa mère n’était pas heureuse dans l’autre monde. Puis, ce seau et cette eau noire l’intriguaient.

Dès l’aube, elle courut s’en ouvrir au vieux recteur.

— Retournez encore ce soir à votre poste, répondit le prêtre. Vous serez peut-être renseignée sur ce que vous désirez savoir.

… À minuit, les âmes défuntes défilèrent silencieuse-