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LVI

La mère qui pleurait trop son fils


Grida Lenn avait un fils unique qu’elle adorait. Son rêve était d’en faire un prêtre. À ce dessein, elle l’avait envoyé étudier au petit séminaire de Pont-Croix. Tous les dimanches, pour l’aller voir, elle faisait le trajet de Dinéault à Pont-Croix, qui est bien d’une dizaine de lieues. Un jour qu’elle débarquait de voiture à la porte du collège, on lui apprit que Noëlik (c’était le nom de ce fils tant aimé) était tombé très malade et que le médecin désespérait de le sauver. Grida devint blanche comme une feuille de papier. Trois jours et trois nuits, elle veilla au chevet de son enfant, sans vouloir prendre aucune nourriture. Il mourut. Grida emmena son cadavre à Dinéault, dans sa propre voiture qu’elle conduisit elle-même. Elle lui fit faire, dans le cimetière, une belle tombe de pierre polie, avec beaucoup d’écriture dessus. Et, à partir de ce moment, elle passa presque tout son temps, agenouillée sur cette tombe, à pleurer, à sangloter, à supplier Dieu de lui rendre son fils, son pauvre cher fils.

Les prêtres de la paroisse essayèrent de calmer sa douleur. Mais leurs efforts réunis demeurèrent impuis-