Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/392

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ne serait pas fâché de faire un brin connaissance avec ce Vieux dont on parlait tant.

— Ma foi, il est en train de jouer à la boule, là-haut, dans le grenier. Allez l’y voir. Seulement je vous avertis qu’il n’aime pas beaucoup qu’on le dérange.

— Laissez faire, répartit le pillawer, d’un air d’importance goguenarde ; j’en ai roulé de plus fins que ce bonhomme. Je vais me proposer à lui comme partenaire.

— Prenez garde ! À votre place, je me tiendrais tranquille.

Mais le pillawer était déjà dans l’escalier…

Quand il redescendit, il n’était plus qu’un paquet de chair meurtrie. On le soigna à la ferme. Il fut un mois à guérir.

Dès qu’il fut hors de danger, Thérèse n’eut rien de plus pressé que de se gausser de lui joliment.

— Qu’est-ce que je vous disais, mon pauvre cher homme !… Voilà votre tournée perdue maintenant. Vous rentrerez chez vous, le sac vide et le corps en piteux état. Ne racontez pas votre histoire aux gars de La Feuillée : ils vous trouveraient la mine d’un sot. Mais, dites-moi du moins comment les choses se sont passées.

Le pillawer lui fit ce récit d’un ton geignard. Ah ! il s’en souviendrait, de cette leçon ! Il avait donc proposé au Vieux de jouer à deux. « Fort bien, avait répondu le Vieux, je serai le joueur, toi, la boule. » Et de vous empoigner mon pillawer, et de vous le pétrir, en quelques tours de mains, comme une simple boulette, et de le lancer d’un bout de la pièce à l’autre.