Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/444

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— Mon père, dit-il, apprêtez-vous à me faire un sermon. J’ai résolu de prendre femme.

— Bah ! s’exclama le vieux, et qui donc épouses-tu ?

— Naïc, d’ici tout près.

— Naïc la veuve, une soularde ! Je ne t’en fais pas mon compliment, mais je te donne ma bénédiction. À chacun son sort.

— À la bonne heure ! Il y a toujours moyen de s’entendre avec vous.

— Il faut bien que le moulin tourne du côté souffle le vent.

— Je sais tout ce qu’on dit contre Naïc. Mais voilà, elle m’a plu, et je le lui ai prouvé. Je lui ai enveloppé son feu. La créature qu’elle porte a près de six mois.

— Ce qui est fait n’est plus à faire. À quand la noce ?

— Lundi en quinze.

Le contrat fut, en effet, signé au jour indiqué, mais le mariage religieux ne put être célébré ce jour-là, je ne me rappelle plus pour quelle cause.

Le repas avait été commandé à l’auberge. On le mangea, quoiqu’il n’eût pas été béni par un prêtre. Pour ma part, je le trouvai excellent. Les autres invité furent de mon avis, et, ma foi ! toutes les têtes étaient un peu échauffées, quand on s’en revint du bourg.

Mon frère n’avait pas d’abord l’intention de passer la nuit avec sa femme. Mais, l’ayant reconduite chez elle, comme c’était son devoir, il resta. Cela, il n’aurait pas dû le faire, jusqu’à ce que son mariage eût été célébré à l’église. Las ! que voulez-vous, les