Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/459

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à faire le tour de la hutte pour tâcher de découvrir la porte.

Il finit par la trouver.

C’était une claie rembourrée de paille comme celles qui ferment les « loges » de sabotiers.

Le charbonnier la tira à lui et entra.

À l’intérieur, pas un meuble, pas même une huche, pas même un lit. Il y avait pourtant un âtre, et dans l’âtre brûlait un maigre feu, et au-dessus de la petite flamme pâle qu’il donnait était installée une poêle et avec cette poêle une femme à mine livide faisait des crêpes.

— Votre feu a l’air bien menu, dit le charbonnier en manière de salut. Si vous consentez à m’accepter comme hôte jusqu’à la pointe du jour, je vous ferai cadeau d’un sac de charbon, et je vous parle d’un charbon si léger qu’il flambera comme de l’étoupe.

— Mon feu me suffit, répondit la femme sans se détourner.

— L’accueil n’est pas aimable, se dit le charbonnier, mais du moment qu’on ne me met pas dehors, ma foi, je reste.

Il s’assit par terre, près du foyer.

La femme continuait à faire des crêpes sans avoir l’air de s’apercevoir de sa présence. Quand elle en avait cuit une, elle la disposait, avec l’éclisse, sur un plat, à côté d’elle.

Mais, chose bizarre ! le charbonnier remarqua que le plat demeurait toujours vide, comme si les crêpes se fussent évaporées à mesure.