Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/460

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Ho ! Ho ! se murmura-t-il à lui-même, voilà qui n’est pas naturel. Méfions-nous !

Il avait commencé à bourrer sa pipe, mais il la remit promptement dans la poche de sa veste en peau de chèvre. Et il se mit à regarder autour de lui. Il vit alors qu’il y avait dans la hutte deux autres femmes. L’une d’elles était occupée à avaler un os qui lui sortait aussitôt par la nuque, l’autre comptait de l’argent, se trompait sans cesse dans son compte, et se reprenait à compter de plus belle.

Maintenant le charbonnier aurait autant aimé se retrouver dans la lande, malgré le terrible vent qui soufflait. Mais il n’osait pas faire un mouvement, de crainte qu’il ne lui arrivât malheur. Il se tenait au contraire bien coi, attendant le jour avec impatience et souhaitant que les coqs chantassent de meilleure heure afin d’être plus tôt délivré.

Comme il se reprochait pour la centième fois la mauvaise idée qu’il avait eue de se fourvoyer dans ce taudis de sorcières, la femme qui faisait des crêpes se tourna vers lui et lui dit :

— Si vous en désirez, prenez-en !

— Merci ! répondit-il, je n’ai pas faim.

Alors, celle qui avalait un os s’avança vers lui et lui dit :

— Si vous préférez la viande, prenez-en !

— Merci ! répondit-il encore, je suis repu.

Celle qui comptait de l’argent s’approcha à son tour :

— Acceptez au moins de quoi vous défrayer de vos dépenses à venir.