Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/472

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    venez à Lochrist, d’un cœur droit ; — là il y a des remèdes excellents — pour les maladies de langueur et pour les infirmités.

    Pour avoir été délaissé — de beaucoup de ses pèlerins, — ce n’en est pas moins le plus antique — parmi les lieux saints de ce pays.

    Afin de vous faire entendre quelle profusion de miracles — s’y sont accomplis ou continuent de s’y accomplir, — (sachez que) pour les conter et les écrire — un mois entier ne serait rien.

    Ô vous, Seigneur Christ béni, — versez la lumière à mon esprit, — que je puisse divulguer aux Bretons — quelques-uns des prodiges que vous y avez faits.

    Je vais devant tous les proclamer, — avec la grâce de la Vierge Marie ; — Mon bon ange m’inspirera. — Qu’il vous plaise de les venir écouter !


    II

    À Lochrist, un temps fut, — un maître de maison faisait demeurance. — Sa femme, l’élue de son cœur, — se montrait au pauvre charitable.

    Pourtant, il advint qu’un jour, — (prêtez votre attention à ceci, — car c’est une chose horrible à ouïr), — il advint qu’un pauvre chercheur d’aumône

    Se présenta dans leur ménage, — en quête de quelque subsistance. — Au nom de Dieu, il demandait — de quoi prolonger sa vie.

    Si charitables que fussent les deux époux, — la femme, en cette occasion, se montra dure — envers ce pauvre cher qui demandait au nom de Dieu l’aumône.

    « Je suis fort pressée, dit-elle ; — J’ai à préparer le repas de mes gens. — Une autre fois, je vous viendrai en aide… — Pour l’instant, décampez ! »

    Le pauvre cher, malgré cet accueil, — toujours et toujours insistait : « Donnez-moi de quoi manger, disait-il, — car j’ai bien faim en ce moment.

    « Il y a si longtemps que je n’ai mangé morceau ! — Mon cœur de détresse se serre. — Au nom de Dieu, soulagez-moi, — ou je mourrai sur place, à coup sûr ! »

    La femme lui répliqua, — avec une colère des plus terribles :