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EN BASSE BRETAGNE


    — de crainte que vous n’en fussiez chagrinés, — vous et celle qui est votre propre sœur. »

    Avec une grande angoisse de joie, — il courut à sa mère — qui faisait sa prière — au Seigneur Christ de tout cœur.

    Comme signe de reconnaissance, du double pain — qu’elle avait emporté cette femme — avait gardé un morceau, — sans la moindre moisissure, aussi frais qu’au départ.

    Dans sa main, elle tenait un billet ; personne ne le lui pouvait arracher. — Mais, quand vint son fils prêtre, — il le lui prit sans difficulté.

    Sur ce billet était écrite — sa vie entière, tout au long. — Son fils se mit à le lire, — et chacun de s’extasier.

    — « Hélas ! ma pauvre mère, dit-il, — je ne savais rien de tout cela. — Je ne pouvais me douter — que vous fussiez la mère dont je suis né.

    D’amour grande et de navrement — ils moururent tous deux sur place. — Leurs proches n’assistaient pas à l’événement ; — on leur fit porter la nouvelle.

    Ils étaient en train d’apprêter le repas — et de disposer tout ce qui est nécessaire — pour donner aux gens à dîner, — lorsque leur parvint cette nouvelle.

    La fille, dès les premiers mots, — et aussi le mari laissèrent là — toutes choses, à l’abandon, tant ils avaient de navrement au cœur.

    Ils se mirent en route pour l’église, — mais ils moururent tous deux, ensemble, — au milieu du chemin, — et ce fut pour tout le monde une stupeur.

    De les voir le même jour. — mourir tous quatre, — le père, la mère, les enfants. — Voilà une aventure bien triste, en vérité !

    Peu après on les ensevelit — pour les mettre en terre ; à Guinevez ils furent transportés, — avec grand honneur et grand respect.

    Trois d’entre eux demeurèrent là — pour y être enterrés avec grand respect ; — le mari et son fils prêtre — et la fille y furent enterrés.

    Mais la charrette où se trouvait la mère aimée — ne fut pas plutôt arrivée au cimetière — que les bœufs firent un brusque détour, — Personne ne les put arrêter.