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LXXI

Le conjuré de Tadic-coz


Ceci se passait au temps où Tadic-coz était recteur de Bégard. Tadic-coz s’appelait de son vrai nom « Monsieur Guillermic. » C’était un curé à la mode d’autrefois, un brave vieux bonhomme qu’on rencontrait plus souvent par les chemins et dans les champs qu’au presbytère. Des montagnes d’Arez à la « Mer Grande », il était connu d’un chacun. Il avait une charité d’âme extraordinaire. Et, comme Jésus-Christ, ceux qu’il aimait le plus, c’étaient les petites gens, les pauvres paysans, les journaliers, les pâtres.

Moi qui vous parle, je l’ai connu. Je l’ai connu longtemps, et je ne l’ai connu que vieux. J’ai entendu raconter qu’il était plus vieux que la terre, qu’il était mort dix fois, et que dix fois il était ressuscité.

Je puis vous faire son portrait.

Il avait le dos voûté, les cheveux longs et blancs.

On n’aurait su dire si sa figure était d’un vieillard ou bien d’un enfant. Il riait toujours, et goguenardait volontiers.

Sa soutane était faite de pièces et de morceaux, comme on dit, mais il y avait encore plus de trous que de morceaux.

Dès le matin, sa messe dite, il partait en tournée.