Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/498

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à la cuisine. Il faudra que tu sois en état, ce tantôt, de me donner un bon coup de main, car la bête n’a pas l’air commode.

— Si c’est pour me débarrasser d’elle, enfin, s’écria Jobic, n’ayez pas peur, je vous vaudrai un homme !

— Tiens-toi prêt dès que je te ferai signe. Mais il faut attendre le coucher du soleil…

— À la bonne heure, pensa Jobic Ann Dréz, voilà un langage que je comprends.

Il n’y comprenait pas grand’chose, à vrai dire, sinon que le plus dur restait à faire, mais aussi que, cela fait, il serait libre.

Au coucher du soleil, il s’entendit héler par le recteur.

Celui-ci avait revêtu son surplis et passé son étole.

— Allons ! dit-il. Surtout, prends garde que l’animal ne t’échappe. Nous serions perdus l’un et l’autre !

— Soyez tranquille ! répondit Jobic Ann Dréz, en assujettissant la corde à son poignet, solidement.

Les voilà partis tous les trois ; le recteur marchait devant, puis venait Jobic, et, derrière lui, le chien.

Ils allaient à une grande montagne sombre[1], bien plus haute et plus sauvage que le Ménez-Bré. Tout à l’entour la terre était noire. Il n’y avait là ni herbe, ni lande, ni bruyère.

Arrivé au pied de la montagne, le recteur s’arrêta un instant :

— Nous entrons dans le Ieun Elez (le marais des

  1. Cette montagne, c’est le mont Saint-Michel, en Braspartz (Finistère).