Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/497

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barbet se démène et hurle ! Allons, en route ! Tâche d’arriver pour déjeuner au presbytère de Gurnhuël. Tu diras au recteur que tu viens de ma part !

Et Jobic Ann Dréz de déguerpir. Que voulez-vous ? Il fallait bien qu’il subît ce qu’il ne pouvait empêcher.

Nous ne le suivrons pas de presbytère en presbytère.

Le recteur de Gurnhuël l’adressa au recteur de Callac.

Le recteur de Callac au recteur de Maël-Carhaix ;

Le recteur de Maël-Carhaix à celui de Trébrivan… etc., etc.

En deux jours, il visita une douzaine de « maisons de curés », bien accueilli d’ailleurs dans chacune ; partout il trouvait bon vin, bon repas et bon gîte.

Cela l’ennuyait tout de même, d’abord parce qu’il se demandait avec terreur s’il y aurait jamais un terme à ce singulier voyage ; ensuite, parce que c’était vexant d’être un objet de curiosité pour les gens, que son passage attirait sur le seuil des portes et qui paraissaient fort intrigués de ce que pouvait bien être ce soldat, traînant ce chien.

Le troisième jour, vers midi, il entrait chez le recteur de Commana, tout là-haut, là-haut, dans les monts d’Arez.

— Sauf votre respect, Monsieur le recteur, voici un chien…

C’était la treizième ou quinzième fois qu’il prononçait cette phrase. Il en était arrivé à la débiter du ton piteux dont un mendiant implore l’aumône.

Le recteur de Commana l’interrompit :

— Je sais, je sais. Fais-toi servir un verre de cidre