Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/536

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— J’irai à Rome, j’irai même en enfer sans crainte, pourvu que vous m’indiquiez le chemin.

Dom Iann mit la main sur la tête de son filleul.

— Tu as un vrai cœur de Breton, Iannik. J’aurai recours à ton dévouement. Mais il faudra que j’éprouve au préalable si tu m’aimes aussi sincèrement que tu le dis. Je ne reviendrai plus avec toi sur ce chapitre. Ne parle à personne de notre conversation, mais tâche de ne la point oublier.

À quelque temps de là, le saint prêtre mourut. Je ne vous parlerai pas de tous les signes qui annoncèrent ou qui accompagnèrent sa mort. On l’enterra dans la chapelle où il avait coutume d’officier. On couvrit sa tombe d’une pierre où furent inscrits son nom et ses vertus. Les gens qui le servaient, une gouvernante et un domestique, s’en allèrent vivre ailleurs de la rente qu’il leur avait faite. La maison fut abandonnée, le domaine resta en friche. Quant à Iannik, son parrain semblait avoir fait exprès de l’oublier dans son testament. De quoi les parents du garçonnet eurent grand dépit. Mais quant à lui, son affection et sa reconnaissance pour Dom Iann n’en furent point altérées. Il demeura aussi fidèle au mort qu’il l’avait été au vivant. Tous les jours que Dieu fit, il alla religieusement s’agenouiller sur sa tombe.

Or, à chaque fois qu’il s’y agenouillait, la pierre sépulcrale se fendait par la moitié, ainsi que cela se produisit autrefois pour Lazare, lorsque le Christ lui enjoignit de se lever.

— Peut-être que mon parrain va se lever aussi, pensait l’enfant.