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Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/537

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Et il attendait, avec une espérance mêlée d’épouvante.

Un matin, il remarqua que la fente était beaucoup plus large que d’habitude et plus profonde. La terre même de la fosse était crevassée.

Iannik se dit :

— Ce sera pour aujourd’hui.

Et, en effet, comme il gagnait l’avenue pour retourner chez ses parents, il aperçut son parrain assis à sa place de prédilection, à l’ombre du grand châtaignier. Il était revêtu des beaux ornements sacerdotaux dont on l’avait revêtu au moment de sa mort, avant de le mettre au cercueil. Ses mains étaient croisées sur ses genoux ; ses yeux étaient ouverts et pleins de lumière.

Iannik s’approcha, en marchant sur la pointe du pied. Le prêtre le regardait venir, et ses yeux brillaient à mesure d’un plus vif éclat. Quand il fut tout près, il lui dit, avec douceur :

— Iannik, mon filleul, maintenant je ne doute plus de ta fidélité. Tu as vraiment la foi solide. Mais es-tu toujours disposé à faire pour moi le pèlerinage de Rome ?

— Toujours ! mon parrain.

— Eh bien, va ce soir à confesse, car il faut que tu sois en état de grâce, et demain matin tu te mettras en route.

— Mais le chemin, mon parrain ?

— Tu n’auras qu’à suivre la gaule blanche que voici. Elle a été coupée naguère à la croix du Rédempteur, alors que cette croix était encore un arbre qui