Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/550

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C’était si beau, si beau que j’en ai les yeux encore tout éblouis. Il n’y a pas de mots pour peindre de telles magnificences.

— Je te crois sans peine, mon filleul. Ce château, c’est le paradis. Encore n’en as-tu franchi que le vestibule. Dis-moi cependant ce que tu y as remarqué.

— Je me rappelle une chambre où des oiseaux chantaient.

— Ces oiseaux sont les anges qui sont chargés de souhaiter la bienvenue aux élus. Et puis ?

— Et puis, j’ai vu dans une seconde chambre quatre fauteuils sur lesquels étaient posées quatre ceintures et quatre couronnes.

— Ces fauteuils attendent les quatre premières personnes qui mourront en état de grâce. Et puis ?

— Et puis, dans une troisième chambre, j’ai vu deux autres fauteuils. L’un d’eux était vide ; dans l’autre, un prêtre était assis…

— Oui, mon enfant, et ce prêtre dont la figure restait dans l’ombre, c’est le même que celui de la chapelle, c’est ton parrain, qui te remercie de ce que tu as fait pour lui, et qui, pour te récompenser, t’annonce que, dans six mois, tu prendras place à ses côtés dans le fauteuil vide. Maintenant, rends-moi la baguette, Iannik ; en échange, je te remets ce livre. Toutes les pages en sont blanches. Tu en rempliras chaque jour un feuillet de ton écriture. Lorsque le dernier feuillet sera rempli, ton temps sera venu.

— Et que dirai-je à mes parents, s’il vous plaît quand je vais les revoir ? Ils ont dû être passablement