Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/167

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Je ne demandais pas mieux que d’être persuadé. De tout l’hiver, Adèle n’était pas venue à ma rencontre, et je n’avais, du reste, pas eu à lui en vouloir, la saison ayant été d’une rigueur exceptionnelle. Mais aujourd’hui, par ce clair et vivifiant soleil… Évidemment oui, pensai-je, le charme du renouveau, sinon la hâte de me revoir, l’aura incitée à la promenade et, sortie de bonne heure, quoiqu’elle n’aime guère à se risquer toute seule dans les sentiers de gabelous, elle se sera aventurée au-devant de moi jusqu’à Beztré… Chère petite femme ! Mon cœur volait vers elle ; sur mes lèvres flottait un hymne d’allégresse, un Lætare, une muette et religieuse action de grâces. Déjà, je me représentais cheminant à ses côtés, m’attardant avec elle dans la douceur alanguie de cet admirable soir, quand le mousse, qui n’avait pas encore exprimé son avis, insinua timidement :

— Sauf votre respect, patron, la coiffe de