Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/39

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vous ont légué des secrets magiques. Les femmes de chez nous ne savent que prier les saints et filer de la laine. Toi et tes pareilles, vous êtes des tisseuses de beaux rêves. Tu dois me trouver bien stupide, en comparaison des jeunes hommes de ton pays qui t’ont désirée avant que tu sois devenue mienne. Je suis, en effet, le fils d’une race lourde et grossière, enfermée dans un cercle étroit. Tu aurais tort de me mépriser, toutefois. Nous avons aussi nos qualités, en Léon. Aucune légèreté d’esprit, il est vrai, mais par contre, une constance à toute épreuve. Quand nous nous sommes donnés, nous sommes incapables de nous reprendre. Nous aimons d’un amour fort comme la mort.

Elle ripostait en riant :

— C’est pourtant vrai que tu n’es pas comme tout le monde. On voit bien que tu as été élevé pour la prêtrise, dans une contrée où les jeunes filles se croiraient damnées, si elles chantaient ailleurs qu’à la