Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/40

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messe. Tu parles de tout, et même de l’amour, sur un ton prêcheur. Au fond, tu n’es peut-être pas très sûr que le mariage ne soit pas un péché. Avoue que tu me considères presque comme une créature de perdition…

Je lui fermais la bouche avec des baisers. Les siens avaient une saveur subtile, pénétrante, et qui enivrait… Mais non ! non ! pas de ces souvenirs ! Leur poison m’énerverait. Ouvrons plutôt au vent de la nuit, à l’air vierge, à l’air irrespiré des grandes solitudes atlantiques.

Je viens de passer quelques minutes sur la galerie. La brise est tombée avec le jusant. Le ciel est à la brume. Le feu des Pierres-Noires, tout à l’heure très distinct, se recule et s’efface. La Pointe du Raz elle-même n’est plus qu’une haute silhouette sombre, vers l’orient : elle a son aspect des mauvais jours, le profil indécis et menaçant d’une terre-