Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/44

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du soir d’octobre accentuait encore la tristesse et la sauvagerie. Des vols de corbeaux se levaient des labours, regagnant leurs gîtes dans les pinèdes lointaines, vers Beuzec et Douarnenez. De distance en distance, se profilait un manoir isolé, d’aspect tragique, et sur qui semblait planer le souvenir d’un crime.

La mer demeurait invisible, mais on entendait son grondement sourd et, par intervalles, des coups de ressac si puissants qu’ils ébranlaient le sol, faisaient trembler la terre dans ses profondeurs. À partir de Plogoff, Adèle ne parla plus. Moi-même je me taisais, écoutant sonner les sabots de l’attelage sur les dalles de granit brut dont le chemin était comme pavé. Une brume, d’heure en heure plus épaisse, flottait maintenant sur les choses, ainsi qu’une poussière salée ou quelque mystérieuse fumée d’océan. Dans cette brume, une sorte de cime s’estompa. Notre conducteur, nous la désignant du manche de son fouet, dit :