Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/46

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l’inconnu de ces lieux sinistres, qui ne nous inspirât je ne sais quelle angoisse mêlée d’épouvante.

— Gorlébella ! dit l’Ilienne.

Une pâle lumière verdâtre trouait au loin les ténèbres de l’abîme. Et notre guide continuait :

— Cet autre feu, là-bas, c’est le phare de Sein… Cet autre, tout là-bas, c’est l’Ar-Mèn.

Nous ne regardions que Gorlébella. Adèle, pressée contre moi, frissonnait ; d’un geste brusque, elle se cacha le visage dans ma poitrine et se mit à pleurer en silence. À ce moment, un de ces oiseaux de mer qu’on appelle des fous nous frôla presque de ses ailes, décrivit au-dessus de nos têtes deux ou trois cercles, puis plongea, comme une flèche, dans l’obscurité béante. Et j’eus le pressentiment très net que ce pays farouche, voué jadis à d’horribles holocaustes, nous serait fatal.


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