Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/50

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L’événement faillit justifier mes craintes. Sur les trois heures de l’après-midi, le Baliseur, sa visite faite à l’Ar-Mèn, obliquait vers l’île de Sein. Embusqué derrière le vitrage de la lanterne, je suivais d’un œil anxieux chacun de ses mouvements. Je le vis stopper dans le petit port insulaire, puis, presque aussitôt, reprendre sa marche, en continuant de gouverner à l’est. L’incertitude ne m’était plus permise. Il s’acheminait sur Gorlébella. Le vent était pour lui, mais il avait à lutter contre une mer fatigante. Ce furent des moments tragiques et qui me parurent des siècles. À toute éventualité, j’avais armé mon revolver et je me tenais prêt à descendre. En bas, dans la chambre du premier étage, ils devaient être aux aguets, comme moi-même, car j’entendis qu’on s’efforçait, une fois de plus, de briser à coups de poings le verre épais qui forme hublot du côté du large. Le vapeur approchait, approchait toujours ; malgré le grand