Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/51

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bruit des eaux, on percevait le halètement saccadé de la machine. Une encâblure à peine le séparait du phare. Dans la chambre scellée, au-dessous de moi, c’étaient, maintenant, des appels, des cris sourds, le glapissement aigu de la femme mêlé à la rauque vocifération de l’homme. Ils se croyaient probablement sauvés, les misérables !

— Sauvés, oui ! murmurai-je, sauvés des jours que vous étiez encore condamnés à vivre !

J’avais le pied dans l’escalier, pour les faire taire à jamais, quand brusquement le steamer vira de bord. Un personnage, debout à l’arrière, venait d’emboucher le porte-voix :

— Ohé du phare !… Goulven Dénès !…

Je ne fis qu’un saut jusqu’à la plate-forme. Le conducteur — car ce n’était que lui — reprit :

— Rien de nouveau chez vous ?

Je hurlai de toute la force de mes poumons :