Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/53

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comme détendu mes nerfs. Ma main ne tremble plus, ma tête est redevenue libre… Je me remets à mon récit.

J’étais désigné pour prendre le service en mer à la date du Ier novembre, jour de la Toussaint. Dans la matinée, nous nous rendîmes, Adèle et moi, au bourg de Plogoff, pour entendre la messe de paroisse. L’air était pur et froid. Une bise d’hiver hâtif balayait le morne plateau, piquait nos joues, nous soufflait à la face le gravier de la route. Lorsque nous arrivâmes à l’église, la nef, le porche même, tout était comble ; le flot des fidèles débordait jusque dans le cimetière, parmi les tombeaux. Nous n’eûmes d’autre ressource que de nous agenouiller sur les marches du calvaire. Les Capistes, aux fronts durs et broussailleux comme leurs landes, nous dévisageaient avec une curiosité narquoise, Adèle surtout, dont la joliesse, le teint finement rosé sous les dentelles de la