Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/54

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coiffe, faisaient paraître encore plus déplaisants les traits âpres et comme barbouillés de rouille des femmes de la Pointe, accroupies autour de nous sur leurs galoches, dans l’herbe, raidie par le givre, de l’enclos sacré.

— Ça ne va pas être gai, de vivre avec ces brutes, me dit Adèle, tandis que nous regagnions la caserne… As-tu remarqué le ricanement des hommes ?… Et les femmes ? C’était à se boucher les narines ! Elles avaient encore sur elles l’odeur des bouses de vaches qu’elles ont coutume de pétrir avec leurs mains pour en fabriquer des mottes à feu… Ah ! non, mon pauvre Goulven, nous ne sommes plus en Trégor.

— Et c’est cela qui t’attriste le plus ? lui demandai-je.

Moi, ma tristesse me venait d’une autre cause ; elle me venait de l’affreuse pensée, amèrement remâchée depuis des jours et des jours, que j’allais quitter ma femme, languir loin d’elle, là-bas, dans cette lugubre