Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/70

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m’oublier en des attitudes de prostration auxquelles il n’était guère possible qu’Adèle se méprît.

— Qu’as-tu, me disait-elle, à me regarder avec ces yeux tristes ? Tu as l’air morne des béliers noirs de ton pays, quand on les mène au boucher.

Je me secouais, je me forçais à rire. Elle, dépitée, continuait :

— Ton rire sonne faux, mon pauvre Goulven !… Je ne t’ai jamais connu bien folâtre ; ce n’est pas dans ta nature, à ce qu’il paraît. Mais, en vérité, depuis que nous sommes exilés en cette contrée de malédiction, tu deviens comme un enterrement. Est-ce là ta façon de me récréer ? Ce n’est donc pas assez, crois-tu, de la tristesse de cette caserne, de ces landes stériles, de ce ciel venteux ? Il faut encore que tu y ajoutes la tienne !…

Et, avec une insistance presque amère :

— Un mois à me dessécher d’ennui, pas un être avec qui causer à cœur ouvert, voilà